jeudi 18 avril 2024

Folies 26

 



Image : Graphèmes enfantins- Xavier Lainé (avec l'accord de l'enfant)




Entre pluies et nuées

Le printemps se faufile


Entre deux insomnies

Trois lectures

La fatigue me poursuit


*


Je ne cesse de revenir en songe

Sur la tendresse évanouie

Qui s’invitait sans chichis

Nous emportait dans un rire


« Que reste-t-il 

De nos amours »


Là est la question


*


Est-ce question d’âge

Ou question d’usage

À trop se poser de questions

À se rendre disponible pour les autres

Sans compter 

En transgressant toutes les limites

On apprécierait à minima de la reconnaissance

Que nenni

Nous sommes rien et demeurons rien



Xavier Lainé

26 mars 2024


mercredi 17 avril 2024

Folies 25

 



Image : Graphèmes enfantins- Xavier Lainé (avec l'accord de l'enfant)



Où tu découvres que trop souvent

Ce que tu crois être de l’amour

N’est qu’appât du désir

Feinte attention procréatrice


À l’heure où l’amour se vend

Avec applications 

Tu découvres un monde

Qui en est dépourvu


Sans doute conséquence

De cette déshumanisation

Où l’amour réduit au désir

N’est plus que plan sexe


Tu découvres avec ta naïveté 

Que ce qui guide désormais 

Ceux qui paraissent humains

Mais qui en ont dévoyé le sens

N’est que commerce éphémère


*


Qu’un sinistre chargé des plans viraux

Se recycle à vous refaire le portrait

Ne croyez point que ce soit philanthropie

C’est juste appât du gain


Mais voici que le spectre des enfants du capital

Travestis en noires hordes d’aveugles religions

Est brandi sous tes yeux 

Il leur faut la peur pour achever leur règne


*


Je serais tapis dans les broussailles

Je te regarderais t’occuper avec amour

De tes arbres chargés de printemps

Une fleur parmi d’autres

Ignorant ma présence


Je retiendrai mon souffle

Pour ne pas te déranger


*


Le mois des fous tire à sa fin

Les sus-dits demeurent 

Ils vont et viennent 

Avec la fierté d’avoir démoli

Ce que d’autres avaient laborieusement construit


Nous vivons ce temps stupide

Où des imbéciles parvenus sur le trône

Tirent gloire de leur bêtise insondable

Mais crient haro sur qui tente sans ouvre-boite

D’ouvrir les intelligences endormies


*


Mais voilà que vous prenez si peu au sérieux votre santé

Que sans coup férir vous loupez vos rendez-vous

En râlant de devoir attendre le prochain fort éloigné


*


Tous les jours c’est numéro d’équilibriste

Les heures sont trop peu nombreuses

Et parfois trop


Alors tu fais comme tu peux

Tu écris par exemple

Histoire de combler le temps 

Qui résolument s’écoule trop lentement


Tu laisses tes rêves dériver

En tendres rencontres purement oniriques


Puis tu redescends assez brutalement

Dans un réel qui t’accable



Xavier Lainé

25 mars 2024


mardi 16 avril 2024

Folies 24

 



Image : Graphèmes enfantins- Xavier Lainé (avec l'accord de l'enfant)




Même l’amour en prend pour son grade

Qui se vend comme bien d’autres choses

Sur le marché des occasions d’une nuit


Mais on persiste dans le modèle

Dont les limites sont évidentes

On persiste dans l’hypocrisie


L’amour - je ne sais de quoi il pourrait être fait

Je ne sais

Ou je sais trop 

Comment je m’y suis plongé

Comme dans un piège qui se referme

Sur la naïveté de celui qui y croit


Mais puisque désormais 

L’amour se vend sur des applications

À la grande déception de ceux qui les pratiquent

Qu’en dire encore quand tout autour

L’amour se heurte de plein fouet

Aux murs de conditions d’existence

Qui donnent l’illusion de sa possibilité

Tout en lui rendant la vie impossible


L’amour se brise sur les écueils

Qu’un système dont nul ne veut dire le nom

Pose sur son chemin de souffrance

On y laisse tous des plumes

Mais on serre les dents

Pour ne rien montrer du naufrage



Xavier Lainé

24 mars 2024


lundi 15 avril 2024

Folies 23

 



Image : Graphèmes enfantins- Xavier Lainé (avec l'accord de l'enfant)




Nous avions des rêves

Des rêves en commun 

Qui se sont échoués

Sur le sable du temps


Une lame acérée

A tracé une frontière invisible

La coque de notre navire

S’est ouverte sur les récifs 

D’une vie comme on a pu


Nous ne pouvions pas grand chose

À la tournure infernale du monde

Pourtant nous rêvions

Et nos rêves donnaient une légèreté

À une vie que tant s’employaient

À alourdir toujours plus


Nous sommes restés les bras ballants

Devant le naufrage

À nous demander comment faire

Comment réinventer une vie

Qui retrouve les chemins

De l’enthousiasme perdu


De replis en vaines illusions

Même l’amour en a pris pour son grade

Nous voici devant cette obsédante réalité

De devoir vivre à rêves séparés

Tandis que les ponts un à un s’effondrent



Xavier Lainé

23 mars 2024