Image : Graphèmes enfantins- Xavier Lainé (avec l'accord de l'enfant)
Où tu découvres que trop souvent
Ce que tu crois être de l’amour
N’est qu’appât du désir
Feinte attention procréatrice
À l’heure où l’amour se vend
Avec applications
Tu découvres un monde
Qui en est dépourvu
Sans doute conséquence
De cette déshumanisation
Où l’amour réduit au désir
N’est plus que plan sexe
Tu découvres avec ta naïveté
Que ce qui guide désormais
Ceux qui paraissent humains
Mais qui en ont dévoyé le sens
N’est que commerce éphémère
*
Qu’un sinistre chargé des plans viraux
Se recycle à vous refaire le portrait
Ne croyez point que ce soit philanthropie
C’est juste appât du gain
Mais voici que le spectre des enfants du capital
Travestis en noires hordes d’aveugles religions
Est brandi sous tes yeux
Il leur faut la peur pour achever leur règne
*
Je serais tapis dans les broussailles
Je te regarderais t’occuper avec amour
De tes arbres chargés de printemps
Une fleur parmi d’autres
Ignorant ma présence
Je retiendrai mon souffle
Pour ne pas te déranger
*
Le mois des fous tire à sa fin
Les sus-dits demeurent
Ils vont et viennent
Avec la fierté d’avoir démoli
Ce que d’autres avaient laborieusement construit
Nous vivons ce temps stupide
Où des imbéciles parvenus sur le trône
Tirent gloire de leur bêtise insondable
Mais crient haro sur qui tente sans ouvre-boite
D’ouvrir les intelligences endormies
*
Mais voilà que vous prenez si peu au sérieux votre santé
Que sans coup férir vous loupez vos rendez-vous
En râlant de devoir attendre le prochain fort éloigné
*
Tous les jours c’est numéro d’équilibriste
Les heures sont trop peu nombreuses
Et parfois trop
Alors tu fais comme tu peux
Tu écris par exemple
Histoire de combler le temps
Qui résolument s’écoule trop lentement
Tu laisses tes rêves dériver
En tendres rencontres purement oniriques
Puis tu redescends assez brutalement
Dans un réel qui t’accable
Xavier Lainé
25 mars 2024